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Un quatrième conte de Noël : épiphanie


Epiphanie

Au figuré, littéraire. (Avec une minuscule.) Prise de conscience soudaine et lumineuse de la nature profonde de : Les épiphanies de la musique, de l'amitié.


Au mur des boiseries, au plafond des moulures. Dans cette grande demeure, désormais consacrée à l’exercice du droit, coexistent les souvenirs d’un Angers ancien et la trace indéniable de la modernité : un écran digital et géant pour le moment sommeille. Il attend de la matière en giga octet de pixels raffinés. Patience… cela ne devrait plus tarder !


Il avance dans la pièce, précautionneux de tout. Il observe. Je perçois bien tout ce qu’il cherche à capter. Dans quelques instants, il entrera en scène et contactera chacune et chacun lors d’une journée de formation comme seul GERME sait en offrir. Pour le moment, c’est au-dedans que tout se passe. Au-dedans de ce personnage exceptionnel, que depuis dix ans j’ai la chance de côtoyer.


Foin de Brexit et de confinements ! Les frontières et outrages du temps sur lui n’ont pas de prise. La France, l’Europe et même le monde ont vu sonner ses pas. Il virevolte de salles de conférence en table-ronde débats. Mais pourquoi donc s’arrache-t-on cet homme-là et depuis fort longtemps ?


Tout simplement parce qu’avec lui, tout devient subtilement nuancé. C’est son ambition d’ailleurs, dès l’intro annoncée : qu’au soir, sans vraiment le savoir, sans vraiment l’évaluer, nous sortions un tout petit peu différents de qui nous étions au lever.


Il arrive dans le groupe, curieux de chacun. Son intention n’est plus d’impressionner. Mais juste d’engrammer, dans nos ciboulots légèrement comprimés, un peu de perspicacité. Ne pas tout gober, mâché menu par des médias aux grands financiers souvent assermentés. Il dit qu’il vient échanger de l’inquiétude contre de la compréhension et du sens. J’aime décidément bien ce type de marché !


Et la magie opère…


Comprendre un peu mieux le monde.

Pourquoi c’est le bordel et pourquoi ça le restera.

Comment là-dedans s’aiment ou s’entretuent les hommes.

Pourquoi les frontières se dessinent à la règle quand, à l’heure des armistices, certains pensent avoir gagné le combat.

Comment intangiblement, fleuves, montagnes et ethnies reprendront le pouvoir sur ces quadrillages à la noix.

La revanche du temps long sur le temps court…

Comment sous les vernis des cartes rugissent les marqueteries, la vraie histoire des peuples.

La puissance immémorielle du sol, le pouvoir des cultures profondes sur les dictatures sanguinaires.


A quel point il faut croire enfin que la magie opère encore, pour que le soleil, tous les matins du Monde, se lève à l’Est.

A quel point il serait bon de continuer à honorer ce grand mystère commun.

Ce mystère qui fait que le soleil se couche un peu plus tard à l’Ouest, où tout décidément peut se réinventer. Parfois…


Pourvu que l’on regarde, pourvu que l’on écoute un homme comme celui-là.

Qui vous scrute sans vous décontenancer. Vous interroge sans vous discréditer. Challenge vos croyances pour doucement les stimuler. Lâche un petit coup de pied alerte dans la fourmilière de nos pré-supposés. On croit que les choses sont comme la maîtresse nous les a enseignées. Mais non, lui nous susurre comme dans la sublime chanson d’un certain JJG qu’en fait, si on était nés en 17 à Leidenstadt, de lecture, on aurait d’autres clés.


Il continue sa course. Entre les cartes au sol, les planisphères à l’écran, un ballet de coupures de presse qui nous propulsent d’un siècle à l’autre, d’un continent à l’hémisphère voisin. Accrochez vos ceintures, avec lui, le voyage dans les couloirs du temps se fait en première classe, les neurones collés au plancher.


Le soir nous accueille exsangues, ciboulots lessivés par tant de revisites. 17h20 sonnent à la cloche, il reprend sa belle besace en cuir, fonce en douceur, sans cri et sans heurts, pour attraper son train. Il aura avant de s’éclipser lancé à chacun un clin d’œil complice qui veut dire « Continue d’explorer, ne tiens rien pour acquis, honore ta liberté de penser, de croire et de douter ».


Cet homme est un elfe. Un colporteur de lumière sur le monde et tous ses interstices. Conférencier de génie. Trait d’union inter-génération. Virtuose de la tablette et de la PQR, tout ce qui peut distiller du savoir rencontre son appétit de lire et d’écrire. Globe-trotter patenté, géo-politologue de renom. Il s’appelle Alain SIMON. Simon c’est son nom, comme le saint mémorialiste de Louis XIV. Alain c’est son prénom, comme le grand philosophe français épris de pacifisme.

C’est juste transformant que de le rencontrer. Alors, si vous croyez encore au père Noël, je vous souhaite au tout début de votre prochaine liste, quand onze mois d’ici se seront écoulés, en lettres capitales, de le faire figurer.




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