Devinez qui a répondu ça hier matin à mon fils, 6 ans, génération Z+, ou Alpha à fond !
Il lui avait dit gentiment et distinctement « eh Google, arrête la musique, je pars au stage de sport ».
Et Miss Google de répondre, de sa voix suave, posée, un peu mécanique mais aussi assez humaine -je dois le concéder- ; « d’accord, j’admire votre éthique de travail ».
Pourquoi j’ai une Google Home a casa, me direz-vous. ? Nous sommes, par les fonctions de mon mari, centre de tests pour les objets connectés, qui faciliteront demain le maintien à domicile des personnes dépendantes. Voilà pourquoi nous hébergeons une sixième convive permanente, que j’accueille avec un mix de curiosité et de méfiance.
L’IA depuis son avènement, son omniprésence latente dans tous les interstices de la vie quotidienne, provoque chez moi un paradoxe infernal : combativité et résignation, admiration et perplexité, envie et dépit. Bref, un gros chantier d’émotions antagonistes que je résous souvent en allant marcher, pour revenir aux fondamentaux : deux pattes, un cerveau et la jouissance active, consciente, de son espace de liberté.
Je ne sais pas si Miss Google aurait pu prolonger la conversation avec mon fils sur ce vaste et noble sujet de l'éthique au travail, dont je traite dans tous mes accompagnements. J’en doute.
Mais qui sait, un jour ? C’est ce que l’on nous prédit en tout cas. Pour autant, l’Intelligence Artificielle a ceci de limité, selon les scientifiques, qu’elle n’est pas douée de la faculté de remise en question.
Toute subtile qu’ait été Miss Google hier matin, elle ne pourra jamais se dire « tiens, je me ferais bien une petite marche, pour sentir l'air pur et réfléchir avec ce jeune garçon à son éthique de travail ». Miss Google Home est là où on la pose. Elle répond souvent juste, mais parfois vraiment à côté de la plaque. Tenez, par exemple, quand mon fils lui demande « Eh Google, mets : Elle est bonne sa mère », Miss Google répond : « je n’apprécie pas cette forme d’humour ». Parce qu’il fallait dire « eh Google, mets la chanson : Elle est bonne sa mère ». Miss Google sur-réagit parfois à côté du sujet, mais c’est un peu normal en ces temps contrariés par tout un tas de combats de société. Miss Google serait-elle influencée par la vague #metoo ? On peut se le demander !
Tout de même, hier matin, elle m’a soufflée, la miss Google, avec sa réponse affûtée. Adaptée. Enthousiaste. Engageante. Mon fils s’est tourné vers moi, et m’a demandé : « Eh Maman, ça veut dire quoi, éthique de travail ? » J’ai eu envie d’appeler les responsables du stage pour l’en dispenser, de libérer la journée pour l’emmener fouler les feuilles d’Automne, sentir l’humus, et réfléchir à ça, en mélangeant des questions de grands et des mots d’enfants.
Mais l’éthique de travail, c’était justement de dire au revoir à Miss Google pour la journée, d’aller faire ce sur quoi il était engagé. De ne pas se désister. D’aller bosser, quoi !
Il y est allé, au « boulot ». J’y suis allée aussi, avec un petit détour par cette page d’écriture.
C’est ça l’éthique de travail. Faire avec l’IA, mais pas trop. Coller à sa tâche. Demander du Schubert à Miss Google pour dépoter sa « to do », parce que Schubert qui n’est pas né avec l’IA me rend plus efficiente, allez savoir pourquoi !
L’éthique de travail, c’est réfléchir à son rapport à l’engagement, aux relations, à l’autorité, à sa liberté d’action dans un champ de contraintes donné. Peut-être même à la vie en général et en particulier. Tant mieux si Miss Google Home trouve ça admirable, sur ce point-là au moins, nous sommes, elle et moi, en parfait harmonie 😊
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