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Un deuxième conte de Noël


Dans son bureau, peut-être y a-t-il un grand poster de la Bretagne, mais ce n’est pas là que nous nous sommes rencontrées.


Elle a bravé les circonstances (recrudescence des appels éplorés), la crise économique (comment faire avec des moyens qui s’amenuisent ?) et peut-être même l’envie toute simple d’un RTT, pour participer à un Défi We Act, organisé pour soutenir ce jour-là trois associations en recherche de souffle démultiplicateur.

Il s’agit pour tous les participants invités à la tâche, de comprendre une problématique associative et de s’y mettre à plusieurs, en mode agitation neuronale maximale, pour produire du bon jus de cerveau et d’engagement sociétal.


Je l’observe. Son regard bleu d’acier me scotche, à chaque réalité sociale évoquée d’une voie stable et claire. La parole nette, les mots appropriés, tout ce qui est dit est utile à comprendre son activité. Elle embarque avec elle, chaque jour, les 15 personnes de son équipe, pour protéger des victimes de violences sexuelles et sexistes.

Chaque journée est une course d’obstacles, sans aucun doute. Accueillir, écouter, réconforter sans materner, laisser parler assez pour comprendre et agir au plus juste, mais ne pas laisser trop parler car le temps, dans cette association, ce n’est pas de l’argent. Le temps, c’est ce qu’il faut pour pouvoir mettre en marche la machine de guerre qui permettra ici de sauver une épouse menacée, un enfant en danger, un homme harcelé parce qu’il est homosexuel...


Plus jeune, elle s’envisageait magistrate, nous confie-t-elle au déjeuner. On l’imaginerait sans peine juge aux affaires familiales. La vie et ses propres décisions l’ont façonnée autrement.


Elle est au grain, au terrain, à la manœuvre, au pied du mur. Ce jour-là, elle est en tête d’affiche avec sa collègue, engagée comme elle pour le bien commun. Elles nous expliquent, nous relatent l’indicible, la terreur ordinaire des foyers insécures.


Je sors de là bouleversée par le sujet, par les personnes, par la puissance d’un collectif de travail quand il décide d’être pour et pas contre.

Cette femme et toutes celles et ceux qu’elle encadre depuis huit ans, dans l’aventure de la relation d’aide, sont des héros du quotidien. Ils font l’actualité, du bon côté de la force. Là où les JT nous livrent souvent un monceau quotidien et dépersonnalisé de morts et de blessés qui narcotise doucement mais sûrement, elle a décidé d’œuvrer pour les sauver. Une à une, un à un. Sans broncher.


Elle porte son regard d’acier et un cœur dédié au service des bafoués : cette femme est une engagée, une actrice du social, une dame de l’ombre portant les autres vers un peu de lumière. Une Directrice d’Association au service de l’intérêt général.

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