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Le jour d’après ? Je sais seulement… ce que je saurai.



Jeudi dernier, en visio, une consœur disait l’envie qu’elle avait de penser le jour d’après. Ça bouillonnait, même à travers l’écran et tous ces kilomètres, à travers les 5 semaines qui nous séparaient de notre dernier contact physique, j’ai aimé cette énergie, ce sourire, cet allant si sincère pour investir toutes les possibilités de transcender ce giga-merdier* de crise du corona.


Des règles, des contraintes, des interdictions, la peur, de la sous-sous charge de travail pour beaucoup, de la sur-sur charge d’engagement pour les autres… Une nouvelle et inédite manière de vivre, sur l’ensemble du globe, pour 4,4 milliards d’individus à date, dès lors que le confinement a été décrété dans leur pays.


Quelques jours avant cette visio, un ami jongleur de mots m’écrivait, raillant la dénomination Co-vid, opposant le préfixe d’union -co- et le suffixe de néant -vide-. Il est vrai que la période est propice aux paradoxes et contre-vérités !

Moi, c’est le mot con-finement qui me fait sourire, quand il ne me fait pas horreur. Encore une drôle d’opposition entre un début qui veut dire bête-nul-naze et un radical – finement-, qui nous invite à trouver, peut-être, du subtil à tirer de tout ça.


Mais comment apprendre d’une telle catastrophe ? Je ne parle pas du virus en tant que tel, je parle de ce qu’il fait subir au monde et de ce qu’il va engendrer.

A ce stade, j’ai la tête encore à l’envers sur bien des aspects et la trachée en 8 d’avoir tellement toussé. Mais je sais, déjà et seulement, ce que je saurai pour la suite, « après » tout ça.


Je sais que je saurai la beauté du ciel, surtout le matin. La vitesse des escargots dans mon allée du Séquoia**. Que le coucou -cuculus canorus- est probablement l’hôte le plus constant et le plus bavard de mon nouvel espace de vie. Qu’il faut marcher de bon matin, dans l’herbe tout enrosée, pour sentir à quel point la nature travaille la nuit à nous faire vivre la journée.

Je saurai le délice de respirer librement. De dormir calmement. Je le supposais déjà, mais comment prendre conscience vraiment de la valeur de ce qui est, tant qu’on n’a pas eu peur de le perdre ?


L’émotion d’un appel sur le mobile, un vrai appel avec de la vraie voix. Qu’il faut être malade pour entendre si souvent le mobile vibrer. Que lorsqu’il se calme un peu, c’est que le mal s’en va et c’est très bien comme ça. La vie reprend ses droits !


Je saurai le soulagement viscéral d’entendre chaque soir et en forme mes plus proches, quand je ne peux plus les voir.


J’aurai vécu dans tout mon être la nouvelle et surprenante lenteur des heures confinées. La joie profonde d’être plus disponible, de penser à ce que je fais et pas à la chose d’après, de regarder un film jusqu’au générique de fin.


J’aurai aussi, très profondément, connu le manque d’adrénaline. La joie d’un mail qui annonce du travail pour l’avenir. Le dialogue complexe entre la peur d’être à nouveau sous pression et la conscience honnête que j’ai besoin chaque jour de mon petit shoot de DOSE***, dont le confinement prive.


J’espère continuer à savoir que je suis « le capitaine de mon âme**** » et à agir en conséquences. Je veux rester ancrée sur cette pensée fondatrice que nous sommes « condamnés à être libres***** ».

Cette conscience renforcée par ces semaines improbables dépourvues d’une forme – et d’une forme seulement- de liberté, guide plus que jamais mes pas, dans l’allée du Séquoia.

*pour rester soft !

**mon adresse et une jolie chanson https://youtu.be/Qc8pJoF-uhg

*** Dopamine – Ocytocine – Serotonine - Endorphines

****Du poème Invictus d’Henley transcendé par Mandela

*****Sartre

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